
Par Marwan Kahil
Des sommets immaculés de la Suisse jusqu’au Pérou en passant par Paris, Singapour, Sophie Bonvin a toujours su intégrer sa passion pour l’Art et la Mode dans son parcours au point d’initier The Collector, Geneva, une maison prestigieuse où l’Art et le luxe ne font qu’un. Une vision qui porte et des rencontres artistiques qui permettent aux créateurs et aux créatrices de proposer des merveilles, pièces uniques qui ouvrent le champ des possibles.
Alors que l’été débute, c’est au Ritz que la rencontre a lieu, Sophie Bonvin y est solaire, un enthousiasme mêlé d’exigence et une joie communicative pour la présentation de Blossom Garden, une nouvelle collaboration, inédite, entre The Collector, Geneva et l’artiste Joana Vasconcelos qui confirme cette exigence et cette liberté offerte aux artistes.
Entretien avec une femme pour qui l’Art demeure au cœur de tout.
Nous découvrons les minaudières de cette nouvelle collection à la suite d’une performance artistique et olfactive qui rappelle le thème du jardin et de la botanique, ici, dans l’écrin qu’est le Ritz, comment est née cette collaboration avec Joana Vasconcelos ?
J’ai fait la rencontre de l’artiste à Bâle durant la Art Basel, je souhaitais initier un projet caritatif tout en poursuivant des collaborations autour de nos collections. Les installations et les créations de Joana Vasconcelos m’ont toujours touché pour leur profusion autant que pour leur monumentalité, un rapport à l’intimité avec des jeux d’échelles qui questionnent et qui procurent des émotions. Je pense bien sûr à son fameux Wedding Cake, mais aussi à ses installations de différentes Valkyries au Château de Versailles.
C’est donc d’abord l’artiste que j’apprécie, sa joie inhérente au cœur de son travail artistique. Je cherchais en particulier des créatrices et j’ai souhaité ce thème du jardin, une manière de faire éclore cette nouvelle collection. D’autant que la symbolique du Papillon, qui constitue notre identité — chaque création portant le nom d’un papillon — J’y vois là un écho singulier et une manière d’exprimer cette réflexion mais aussi cette joie à travers ce thème du jardin pour cette collection en particulier.
The Collector, Geneva est connu pour les collections de minaudières et la maroquinerie de luxe, le rapport à la mode est omniprésent… Les pièces présentées sont donc uniques, de véritables œuvres d’art ?
Lorsque je crée une collection, je pense et élabore les différents design, je songe en particulier au choix des matériaux, des cuirs et des coutures qui nécessitent d’exigeantes étapes voire d’innovation et de réinvention d’autant que la collaboration avec un ou une artiste vient ajouter une dimension supplémentaire. Blossom Garden exprime cette rencontre avec Joana Vasconcelos qui est venue pleinement greffer de sa joie, et tout en délicatesse, les créations de notre Maison au cœur d’une collection unique. Ce travail conjoint avec les artistes permet d’offrir ces pièces uniques. La Mode est en effet omniprésente, puisqu’il m’est arrivé de dessiner et de créer des pièces et des tenues uniques pour accompagner les minaudières et c’est un aspect que je souhaite accentuer à l’avenir.
Collection Blossom Garden
Collection Blossom Garden
Collection Blossom Garden



Innovation et travail du cuir j’imagine très minutieux pour le marier à l’osier, qui tient une place particulière dans cette nouvelle collection. Le panier en osier qui fut longtemps l’incontournable mode de Jane Birkin… Est-ce ça aussi d’être créateur, imaginer l’éventail des possibles ?
J’apprécie votre regard sur cet aspect. Décider de mettre du cuir sur du rotin, c’était un challenge en termes de conception. Lorsque j’ai conçu ce sac «seau», c’était cette exigence en arrière-plan qui a aussi su séduire Joana Vasconcelos qui est venue se greffer avec sa joie. Ce fut une des prouesses techniques de nos talents et petites mains au cœur de ce métier d’art qu’est la maîtrise de la couture et du travail du cuir, réussir à consolider une vision mais aussi le regard et la touche artistique d’une créatrice, c’est ce qui fait le caractère unique de nos pièces et j’en suis fière. Cela exige rigueur et technicité autant que le respect des matériaux nobles avec lesquels nous travaillons. Il s’agit de penser style, intemporalité autant que tendances.
En évoquant cette exigence et ces collaborations, je pense à Nathalie du Pasquier…
Oui, la réflexion est telle qu’avec tous les artistes nous innovons. Avec Nathalie du Pasquier il a vite été question de penser conceptuellement à un réceptacle, une boite pour venir contenir la création. Chaque artiste apporte son exigence, sa réflexion dans un projet où j’accorde une totale liberté tout en étant à l’écoute et dans un échange. Il y a beaucoup de souplesse et d’échanges.
Vous êtes vous-même collectionneuse, quel a été votre dernier coup de cœur, quelle a été votre dernière acquisition ?
Eva Jospin, j’avais trouvé son installation à Bâle il y a deux ans réellement extraordinaire et l’exposition toujours en cours à la galleria Continua m’a touchée. Artistiquement, elle nous emporte dans un univers baroque juste fascinant mais je suis pour ma part une amoureuse de technicité et quand je vois l’exigence du travail artistique d’Eva Jospin, les détails, les techniques… Je suis juste emportée.
Parmi tous vos projets, un qui vous tient à cœur ?
Tant de projets. Un en particulier me tient à cœur, j’aimerais organiser une exposition de Haute Couture et de maroquinerie à Genève. J’estime qu’en Suisse, il faut davantage s’intéresser à la Mode et à la Haute Couture. Je songe à initier aussi des collections. Avec Fanny Poletti, ce sont des projets qui nous tiennent à cœur surtout au cœur de Genève qui est une ville idéale pour la création et mériterait de le montrer davantage au reste du monde.
Collection Blossom Garden
Sac réalisé par Nathalie du Pasquier


Et pour en revenir aux superbes minaudières… Des envies ?
Tant d’envies. Je souhaite initier et dessiner un nouveau sac-objet en reprenant la forme de l’œuf, de la chrysalide, symbole de renouveau autant que le papillon au design asymétrique qui symbolise The Collector, Geneva. Faire écho aux symboles, à ce qui nous touche.
Un artiste qui vous a toujours marqué ?
René Magritte. La profondeur des dimensions, ne pas rester sur le premier reflet, chercher plus loin, toujours. Et être pleinement face à l’œuvre.
Après des études à Genève complétées par un Master en Business à l’INSEAD à Fontainebleau et Singapour et une carrière dans la gestion de fortune aux quatre coins du monde, Sophie Bonvin a souhaité revenir à ses premiers amours que sont la mode et l’Art. Elle a fondé The Collector, Geneva, Maison prestigieuse de maroquinerie de luxe et de création imprégnée par le monde de l’Art en y initiant de fécondes collaborations artistiques.